Nous explorons aujourd’hui une ancienne usine à Seraing, spécialisée dans la production de cylindres de laminoirs. Ceux-ci étaient essentiellement destinés à l’industrie métallurgique du bassin liégeois. Le bâtiment de l’usine est datée de 1901. Anciennement la propriété de Cockerill, il serait passé entre les mains de différents propriétaires, dont Usinor ou Ohio Steel Belgium. C’est en 1998 que cette branche de production est acquise par Åkers, qui en devient actionnaire majoritaire.
L’histoire de Åkers est longue et passionnante. Cette société est fondée en 1580 par le roi de Suède Karl IX. Sa première fonderie est implantée à Åkers Styckebruk en Suède, ville qui donne son nom à la société. L’entreprise se spécialise alors dans la construction de canons et de pièces d’artillerie. Avec le temps, la firme fait sont bout de chemin et s’agrandit. Elle est rachetée par un Allemand en 1772 qui se met à acquérir de nouvelles forges, ateliers, haut-fourneaux et mines.
Au-delà de la fabrication d’armes à feu, l’entreprise s’attaque aussi en 1806 au moulage de cylindres industriels. Elle évolue encore dans les années 80 suite à une reprise, en scindant ses différentes activité en plusieurs sociétés, d’une part la fabrication de munition de l’autre la partie sidérurgique. L’entreprise s’étend alors sur plus de cinquante pays, dont la Belgique.
C’est dans ce contexte que l’usine qui nous intéresse dans le présent article est reprise par Åkers, entreprise qui deviendra alors numéro un mondial dans ce domaine. L’usine produit à cette époque jusqu’à 7000 tonnes de cylindres par an et est en étroite collaboration avec 2 autres filiales en France. L’activité de l’usine s’effondre vers 2015 avec la crise mondiale de l’acier, fragilisée par la concurrence étrangère et la perte de son principal client, ArcelorMittal, dont les sites de la région ne feront plus long feu.
L’intérieur de l’usine est vastement saccagé, après plusieurs années d’abandon, les travaux de démontage et le passage de visiteurs indésirables. Des machines et pièces ont été évacuées au fil du temps, comme des cylindres qui étaient autrefois entreposés dans le vaste hall. On retrouve toutefois quelques traces surprenantes d’activité, comme celles d’une centrale. Il y a entre autres 2 magnifiques salles de contrôle, l’une très vintage et l’autre colorée de jaune et bleu, souvent référencée sous le nom « Control room S ».
Démolie en 2023, l’usine laisse place à un terrain vague que le nouveau groupe John Cockerill compte aujourd’hui bien ré-exploiter en y implantant une nouvelle « giga-factory » d’hydrogène vert. Une façon de continuer l’histoire tout en tournant la page.
ℹ️ Etat actuel: rasé