Lors d’une exploration effectuée en plein processus de démantèlement, moi et un ami m’accompagnant avons été en mesure de découvrir ce qui fut un temps l’usine avec la plus grande chaîne d’agglomération au monde. A cause du chantier, nous n’avons pas eu la possibilité d’accéder à toutes les parties du site et certaines étaient déjà en partie défigurées, mais nous avons néanmoins pu voir les installations essentielles qui constituent le coeur de l’usine.

Mais tout d’abord, qu’est-ce qu’une usine d’agglomération? Dans le processus de fabrication de l’acier à grande échelle, il faut toute une série d’usines qui exercent chacune une fonction précise. La partie généralement la plus connue est le haut-fourneau, une grande tour visible de loin, sorte de grande marmite dans laquelle est produite la fonte qui sera utilisée pour façonner l’acier. Or, pour obtenir cette fonte, il faut notamment du minerai de fer. L’usine d’agglomération est l’installation qui permet de fritter le minerai de fer et le préparer pour qu’il soit utilisable dans les hauts-fourneaux. Le produit obtenu, on parle alors d’ « aggloméré ». L’usine d’agglomération intervient donc au début du processus de fabrication de l’acier.

A Rombas, le complexe sidérurgique est énorme et a compté pas moins de 8 hauts-fourneaux et une grande aciérie, des installations aujourd’hui toutes disparus. Une première chaîne d’agglomération a été créée en 1963. Ce qui fait la spécificité de ce site, c’est qu’une seconde chaîne d’agglomération est venue s’annexer en 1971 avec une dimension de 400m2, ce qui en fait alors la plus grande chaîne d’agglomération du monde. Produisant plus d’aggloméré que nécessaire pour les hauts-fourneaux de Rombas, elle envoie d’ailleurs une partie de sa production vers d’autres sites. Suite à la fermeture progressive des hauts-fourneaux de Rombas, l’usine d’agglomération finira, malgré son succès et après avoir survécu quelques années en fournissant du minerai aux hauts-fourneaux d’Hayange un peu plus loin, par connaître le même sort.

Les bâtiments et machines que nous découvrons lors de notre visite sont colossaux. Le procédé d’agglomération tel qu’employé ici date du début du 20e siècle et a été pensé par deux américains, Dwight & Lloyd, qui ont considérablement révolutionné la productivité du traitement du minerai de fer par rapports aux méthodes anciennes. A côté du hall principal d’agglomération, on découvre également la salle de contrôle avec ses moniteurs. A l’arrière du site, d’énormes ‘tuyaux’ suspendus et menaçant, filtres électrostatiques, mènent au bâtiment des soufflantes, qui alimentait autrefois les deux grandes cheminées, détruites bien avant notre passage. Nous ne nous aventurons guère à l’extérieur des bâtiments pour éviter d’être vus.

De l’autre côté des rails au nord de l’usine, on découvre d’autres partie du site, parmi lesquelles les convoyeurs qui reliaient l’usine d’agglomération et les hauts-fourneaux au dessus de la route et des voies ferrées. Quelques wagons trainent encore ça et là avec, plus loin, le château d’eau toujours debout. Si on s’aventure encore plus au nord, on traverse l’emplacement des anciens hauts-fourneaux, aujourd’hui une vaste plaine couverte de végétation. Seuls vestiges encore présents à ce jour: le magasin général, d’anciens ateliers ainsi que le grand bureau, qui figurent parmi les seules traces de l’implantation sidérurgique dans la région qui seront à priori conservés. Des articles seront prochainement dédiés à ces lieux spécifiques.

ℹ️ Etat actuel: démoli

Etat général
Intérêt
Danger
Accessibilité

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *